Point de vue : Biodiversité et santé : agir pour la préservation et la valorisation des savoirs et savoir-faire médicinaux végétaux

Les sécheresses des décennies précédentes ont cruellement mis en évidence le décalage existant entre la capacité de reconstitution de l’écosystème et les besoins des populations sans cesse croissantes et encore dépendantes des ressources végétales environnantes (Ambouta et Peltiers 1997).

Or toute plante qui disparaît dans un milieu emporte avec elle tous les savoirs et savoir-faire associés. 

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L’utilisation des ressources végétales à des fins thérapeutiques est historiquement ancrée dans les pratiques des populations humaines, particulièrement en Afrique où 80% de la population avait recours, d’après l’OMS (1999), à des traitements à base de végétaux pour des raisons de disponibilité, culturelles et économiques. D’après l’OMS (2014) il y a en Afrique un guérisseur par 500 personnes, contre un médecin pour 40 000 personnes (OMS, 2014).

Au vu de ces éléments, et des pressions subies par la biodiversité locale, il apparaît nécessaire de procéder dans un contexte de One Heath (promotion de la santé de l’environnement, des humains et des animaux), à la collecte des savoir-faire médicinaux végétaux et à la préservation de ce patrimoine qui mériterait plus d’attention aux plans phytochimique et pharmacologique pour une meilleure souveraineté sanitaire.

L’usage des végétaux dans le traitement des pathologies animales et humaines est très répandu au Sénégal particulièrement dans les zones les plus boisées telles que la Casamance et le Sine Saloum. Des études menées dans ces zones au moyen d’enquêtes ethnobotaniques ont permis de recenser des plantes similaires utilisées dans le traitement de divers groupes pathologiques tant chez les Diola, les Wolof, les Seereer et les Mandingues.

Différents organes végétaux (feuille, fruit, latex, écorce, fleur et racine) utilisés selon différents modes de préparation (pilage, décoction, infusion, macération et emploi direct) sont proposées dans le traitement des affections respiratoires (rhume, asthme, tuberculose, covid 19…), chroniques (Diabète, Hypertension…), gynécologiques (règles douloureuses, contraception, stérilité, avortement, grossesse…) gastroentérologiques (constipation, diarrhée, parasitoses intestinales, maux de ventre, hoquet), rhumatismales (pathologies des os et des tissus musculaires), dermatologiques (touchant particulièrement la peau, les phanères et les muqueuses). De la même manière, les végétaux sont impliqués dans le traitement des pathologies animales bactériennes (Pasteurellose, Charbon symptomatique, Piétin, Botulisme…), virales (Fièvre aphteuse, Clavelée…).

Dans le contexte actuel marqué par une perte de biodiversité végétale, par un dépérissement des savoirs et des savoir-faire médicinaux végétaux, il urge de procéder la gestion globale des ressources végétales, en identifiant les plantes importantes pour les populations locales afin de les intégrer dans les programmes de reboisement et de conservation. 

Bétémondji Désiré DIATTA

Docteur en ethnobotanique à l’IFAN-UCAD

Email: betemondjidesire@hotmail.fr