Focus, Petits Projets du RAMPAO : Comment l’initiative des Petits Projets mobilisent les communautés locales pour préserver les AMP en Afrique de l’Ouest ?

L’initiative des Petits Projets, mise en place par le Réseau Régional d’Aires Marines Protégées en Afrique de l’Ouest (RAMPAO) et financée par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), joue un rôle clé dans la préservation des écosystèmes marins.

En s'appuyant sur les communautés locales, elle favorise la mise en œuvre d’actions concrètes et adaptées pour protéger les Aires Marines Protégées (AMP). À travers une approche participative, ces projets renforcent l’engagement communautaire, assurant ainsi la pérennité des efforts de conservation tout en améliorant les conditions de vie des populations riveraines.

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©Nature Tropicale ONG

BéninAMP de Donaten : renforcement des capacités locales et suivi écologique pour préserver la biodiversité 

Dans le cadre du Programme des Petits Projets du RAMPAO financé par le FFEM, Nature Tropicale ONG a mis en œuvre le projet intitulé « Renforcement des capacités des communautés locales et suivi bioécologique des écosystèmes marins et côtiers pour la gestion durable de l’Aire Marine Protégée (AMP) de Donaten au Bénin ».  Réalisé entre mars à octobre 2024, e projet a obtenu des résultats significatifs en matière de conservation et de suivi écologique des écosystèmes marins et côtiers. 

Renforcement des capacités des parties prenantes locales 

Une réunion d’information et de sensibilisation a été organisée au profit de divers acteurs clés, notamment les écogardes, les agents assermentés de l’État, les élus locaux, les jeunes, les autorités administratives et les femmes mareyeuses. Ces acteurs ont été formés sur leurs rôles respectifs dans la gestion durable de l’AMP de Donaten, renforçant ainsi la prise en charge locale et la protection de cette aire protégée. 

 Sensibilisation des écoliers et lycéens 

 Une campagne de sensibilisation a été menée dans quatre établissements scolaires côtiers des communes de Cotonou et Sémé-Podji, afin d’informer et d’impliquer les jeunes dans la protection des écosystèmes marins. Cette initiative a touché plus de 914 élèves, notamment dans les écoles de Djeffa plage, Tokplégbé Abattoir, et Dandji 1. 

 Développement d’activités génératrices de bénéfices (AGB) 

Deux groupements de femmes et deux groupements de pêcheurs ont été organisés et soutenus dans le cadre du développement d’activités pilotes génératrices de revenus autour de l’AMP. Parmi ces initiatives figure la pisciculture hors-sol. À cet effet, un site pilote a été aménagé, et 600 alevins de clarias y sont actuellement en production. Au total, 17 personnes, incluant des pêcheurs, des femmes, des jeunes et des écogardes, ont été formées à cette activité. 

Sauvegarde des tortues marines  

Dans le cadre de la protection de la faune marine, 35 tortues ont été relâchées en mer et 30 nids, contenant un total de 3250 œufs, ont été protégés, ce qui a permis la libération de 2191 bébés tortues entre mars et septembre 2024.

Ces actions concrètes illustrent les efforts constants déployés pour préserver les espèces marines vulnérables. Forts de ces interventions, l’ONG Nature Tropicale se félicite des progrès accomplis s à l’AMP de Donaten. Ces résultats encourageants ouvrent la voie à la poursuite des actions sur le terrain, garantissant ainsi une gestion durable de cet écosystème marin et côtier. 

L’associativisme pour combattre la pollution plastique sur l’îles Maio au Cabo Verde  

Du 9 au 13 septembre 2024, une formation intitulée « Solutions durables aux problèmes du plastique, avec un accent sur l’associativisme et le coopérativisme » s’est déroulée à la Délégation du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement. Cet atelier, qui a rassemblée une quarantaine de participants, visait à sensibiliser la communauté à la pollution plastique qui menace les Aires Marines Protégées (AMP). 

Les discussions lors de la formation ont porté sur la gestion durable des déchets plastiques et leurs impacts néfastes sur les écosystèmes marins et terrestres. Les experts présents, dont un représentant de la société Caboplast, ont présenté des solutions concrètes pour atténuer ces effets. De plus, un intervenant de la Fondation Maio Biodiversité a souligné le rôle essentiel des organisations de la société civile dans la gestion durable des AMP

L’atelier a réuni d de nombreux acteurs locaux et régionaux, dont des représentants de la Mairie de Maio, des parlementaires, des membres du ministère de l’Environnement et de l’Éducation, ainsi que des ONG et des représentants du secteur privé. Cette diversité de participants a illustré l’engagement collectif de la communauté envers la protection de l’environnement, comme en témoigne l’intérêt marqué suscité par les échanges. 

Une organisation concertée 

Cette formation a été organisée par l’Association pour la Défense de l’Environnement et du Développement (ADAD), en collaboration avec le Réseau régional d’Aires Marines Protégées d’Afrique de l’Ouest (RAMPAO), le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), ainsi que des partenaires locaux tels que la Mairie de Maio et les délégations du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement. S’inscrivant dans un projet de sensibilisation à l’échelle locale, cet atelier avait pour objectif d’accroître la conscience des communautés vivant autour des AMP face aux défis liés aux déchets plastiques. 

Les défis environnementaux de l’Île de Maio 

La pollution plastique constitue une menace croissante pour les écosystèmes mondiaux, impactant fortement les zones terrestres et marines. L’île de Maio, réputée pour sa biodiversité et classée en tant que réserve de biosphère, risque de faire face à des défis similaires à ceux de sa voisine, l’île de Boa Vista. Le projet ambitieux « Little Africa », qui sera prochainement mis en œuvre dans le sud de l’île, mettra à l’épreuve la capacité de la région à préserver ses AMP tout en développant son potentiel touristique. 

L’atelier a démontré une forte mobilisation des parties prenantes, soulignant l’importance d’une action collective pour relever les défis environnementaux. Cette formation a renforcé la sensibilisation et encouragé l’engagement communautaire en faveur d’une gestion durable des déchets plastiques dans les AMP, contribuant ainsi à la préservation des écosystèmes locaux. 

Préservation des côtes de l’AMP de Grand-Béréby : la communauté Kroumen plante 6 500 cocotiers le long de la façade maritime de leurs villages

Dans les villages de Boupé et Mani-Béréby, 4,51 km de côte ont été restaurés grâce à la plantation de 6 500 cocotiers. Cette réalisation résulte du travail des habitants des communautés locales qui entourent l’Aire Marine Protégée de Grand-Béréby en Côte d’Ivoire. Leur implication et dévouement ont été déterminants pour la réussite de ce projet de restauration côtière, contribuant ainsi à la protection de leur environnement et à la lutte contre l’érosion. 

La Direction de la Protection de la Nature (DPN), du Ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique, de la Côte d’Ivoire bénéficie de l’appui du Réseau Régional d’Aires Marines Protégées en Afrique de l’Ouest (RAMPAO) et du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) pour la mise en œuvre du projet « Petits Projet : Protection des côtes dans l’Aire Marine Protégée de Grand-Béréby, par une ceinture verte ». Ce projet vise à renforcer la protection de l’AMP de Grand-Béréby en protégeant ses côtes. 

Concrètement, il s’agit de perpétuer une pratique transgénérationnelle du peuple kroumen de la Sous-préfecture de Grand-Béréby, qui consiste à planter des cocotiers le long de la façade maritime de leurs villages.  

Plantation de cocotiers :  une pratique transgénérationnelle 

Les cocotiers jouent un rôle crucial dans la protection des habitations et des côtes contre les conditions marines difficiles. Leur densité de feuillage et leur taille imposante en font un brise-vent naturel efficace, capable d’atténuer la puissance des vents marins qui frappent les côtes, réduisant ainsi les dommages potentiels aux infrastructures et habitations situées à proximité des rivages. Ils contribuent ainsi à améliorer le confort de vie des communautés locales en limitant l’érosion des toitures et des façades des maisons. 

Dans le cadre du projet actuel, la DPN et son partenaire local, l’ONG Conservation des Espèces Marines (ONG CEM), ont identifié 21,97 Km de zones pouvatnt être restaurées avec des plants de cocotiers. Après une hiérarchisation, 5,36 Km ont été sélectionnés pour la restauration.  Les zones ciblées comprennent les façades maritimes des villages de Boupé (2,21 Km), Mani-Béréby (2,30 Km) et Pitiké (0,85 Km). Pour mener à bien cette activité, la DPN bénéficie également de l’appui de la Société Ivoirienne de Coco Rapé (SICOR), à qui a fourni 8000 plants de cocotiers issus de leurs cocoteraies situées à la périphérie de l’AMP.  

En raison de l’importance que revêt cette action de restauration pour les communautés locales, celles-ci s’engagent pleinement et activement dans toutes les étapes du projet. Cet intérêt ne se limite pas simplement à la protection de leur environnement, mais s’étend à la valorisation de leur patrimoine culturel et écologique.  

Pour les habitants des villages côtiers, en particulier ceux du peuple Kroumen, la plantation de cocotiers est une pratique transgénérationnelle ancrée dans leur mode de vie et leur relation à la nature. En reprenant cette tradition, le projet de restauration a su mobiliser l’adhésion et la motivation des communautés, qui reconnaissent l’importance de préserver et de perpétuer ces savoir-faire ancestraux.