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Dans ce contexte, la COP 16 représente une opportunité importante pour la région de renforcer ses actions de conservation et de résilience. En s’alignant sur des initiatives internationales telles que le Biodiversity Beyond National Jurisdiction (BBNJ) et l’objectif 30×30, les pays ouest-africains visent à obtenir des engagements et des financements pour protéger leurs écosystèmes terrestres et marins uniques.
En Afrique de l’Ouest, les petits poissons pélagiques jouent un rôle fondamental en tant que source de protéines pour les communautés côtières, fournissant près de 75 % des protéines animales consommées dans ces régions. La pêche artisanale, qui représente une part majeure de cette fourniture, fait face à une pression croissante en raison de la raréfaction des ressources halieutiques. Cette intensification de la pêche, sans que des pratiques de durabilité ne soient systématiquement adoptées, compromet la reconstitution des stocks de poissons, ce qui représente une menace pour la sécurité alimentaire des populations locales.
Pour faire face à cette crise, les pays de la région souhaitent que la COP 16 puisse permettre de mobiliser des ressources pour des mesures de gestion durable, notamment en renforçant la surveillance des eaux territoriales afin de contrer la pêche Illicite, Non déclarée et Non réglementée (INN) et en créant davantage d’Aires Marines Protégées (AMP). Le soutien à des outils de suivi renforcé des stocks et l’encadrement des pratiques de pêche seraient également essentiels pour garantir la durabilité des pêches locales, notamment dans les AMP et les zones en haute mer, en accord avec les objectifs de l’accord BBNJ (Biodiversité au-delà de la juridiction nationale).
Les mangroves ouest-africaines, couvrant près de 20 % des côtes, jouent un rôle fondamental dans la stabilisation des littoraux, la séquestration du carbone et la fourniture d’habitats pour de nombreuses espèces marines. Pourtant, elles subissent une déforestation rapide due à l’urbanisation, à la coupe de bois et à l’agriculture, ce qui accentue l’érosion côtière et fragilise les écosystèmes marins. Cette destruction limite également les ressources pour les communautés locales, qui dépendent des mangroves pour la pêche et le tourisme.
À la COP 16, les pays ouest-africains espèrent obtenir des financements pour restaurer ces écosystèmes critiques. Par exemple, la restauration de 100 hectares de mangroves pourrait séquestrer jusqu’à 1 000 tonnes de CO₂ par an, tout en générant des revenus durables pour les populations grâce aux activités de pêche et de tourisme. Cette initiative, qui contribuerait à l’objectif 30×30, pourrait également renforcer la résilience climatique des zones côtières face aux effets de l’érosion et des tempêtes.
Les changements climatiques entraînent des migrations d’espèces marines vers des eaux plus profondes ou plus fraîches en Afrique de l’Ouest, déstabilisant les communautés de pêcheurs qui dépendent de ces ressources. En réponse, les pays ouest-africains espèrent que la COP 16 encouragera des mesures d’adaptation pour ces communautés, notamment par la diversification économique, via l’ostréiculture, la pisciculture et l’écotourisme.
Ces alternatives offriraient des revenus supplémentaires et réduiraient la pression sur les ressources halieutiques locales. Par ailleurs, des investissements dans la recherche et des infrastructures de suivi des migrations des espèces renforceraient la gestion de ces impacts climatiques et faciliteraient une meilleure résilience régionale.
Le BBNJ vise à établir un cadre global pour la conservation de la biodiversité au-delà des juridictions nationales. Pour l’Afrique de l’Ouest, où les ressources marines traversent les zones économiques exclusives (ZEE) et les eaux internationales, cette initiative est essentielle. Elle offrirait un cadre pour renforcer la gouvernance des océans et réguler les pratiques de pêche, notamment pour les espèces migratoires qui sont vulnérables aux pressions transfrontalières.
L’objectif 30×30, qui ambitionne de protéger 30 % des terres et océans d’ici 2030, est également prioritaire pour la région. Actuellement, les AMP couvrent environ 1 à 4 % des zones marines des pays ouest-africaines. La COP 16 pourrait faciliter des partenariats et des financements pour l’extension de ces AMP et améliorer leur gestion, permettant ainsi de réduire la pression sur les écosystèmes marins et de favoriser la résilience écologique.
Atteindre les objectifs du BBNJ et du 30×30 en Afrique de l’Ouest nécessite une gestion accrue des zones écologiquement sensibles, telles que les Zones Clés pour la Biodiversité (KBA) et les Zones d’Importance pour la Conservation de la Biodiversité (ZIEB).
Ces sites abritent des habitats critiques pour les espèces menacées et des écosystèmes uniques nécessitant un soutien financier et une reconnaissance internationale pour assurer leur protection durable.
Les Autres Mesures de Conservation Efficaces (OECM), impliquant les communautés locales, offrent un modèle de gestion des ressources renforcé par des capacités locales solides. La COP 16 représente une opportunité pour obtenir un soutien essentiel, incluant des financements pour le suivi et la gestion de ces zones, garantissant ainsi la conservation des écosystèmes dans la durée.
L’Afrique de l’Ouest, sous-financée pour la conservation de sa biodiversité, a un besoin urgent de ressources pour gérer durablement ses écosystèmes clés, tels que les Aires Marines Protégées et les mangroves. Ces écosystèmes sont essentiels à la résilience régionale et contribuent à la lutte mondiale contre le changement climatique.
La COP 16 représente une occasion stratégique de mobiliser les financements nécessaires pour étendre les AMP, restaurer les écosystèmes critiques et renforcer la recherche, garantissant ainsi la protection des ressources naturelles vitales pour les communautés locales.