Actualités, Visite de terrain : Visite du RAMPAO et Feedback à l’AMP de Cayar au Sénégal : un appel à l’action  

Le jeudi 12 septembre 2024, le Réseau des Aires Marines Protégées d’Afrique de l’Ouest (RAMPAO) et Feedback Global ont organisé une visite à l’Aire Marine Protégée (AMP) de Cayar, au Sénégal, dans le cadre du projet « Notre Poisson ».

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L’objectif principal de cette visite était de rencontrer les femmes transformatrices de poisson, pour faire le point sur l’impact des industries de farine de poisson sur la communauté. Cette rencontre a permis de recueillir des témoignages directs sur les défis rencontrés, mais aussi d’explorer des pistes pour renforcer la résilience des communautés locales face aux menaces environnementales et économiques. 

Les industries de farine de poisson : une menace pour la pêche artisanale 

L’AMP de Cayar, située sur la côte sénégalaise, a été créée pour protéger les ressources halieutiques de la région. Cependant, depuis quelques années, la prolifération des industries de farine de poisson représente une menace croissante pour la pêche artisanale et les moyens de subsistance des communautés locales. Ces usines, qui transforment les poissons pélagiques en farine pour l’alimentation animale, captent une grande partie des poissons comme les sardinelles et les maquereaux, ressources essentielles pour la sécurité alimentaire et l’économie locale. 

Les femmes transformatrices de poisson, regroupées autour du GIE Mantoulaye Dieye, ont témoigné des difficultés croissantes d’accès à la matière première. La raréfaction des petits pélagiques a réduit leurs capacités de transformation, ce qui a un impact direct sur leurs revenus et sur le bien-être des ménages qu’elles soutiennent. Elles ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’avenir de leur activité si la situation ne s’améliore pas. 

Adaptation des pratiques et prise de conscience locale 

Lors de la réunion avec les femmes transformatrices, un constat a été fait : en raison de la pénurie de poisson, elles ont dû adapter leurs pratiques. Désormais, elles ne reçoivent plus de poissons directement des pêcheurs, mais travaillent uniquement avec des clients qui apportent leur propre matière première pour la transformation. Ce changement montre à quel point la crise halieutique a perturbé le modèle économique traditionnel de la pêche artisanale à Cayar. 

Par ailleurs, les femmes transformatrices ont souligné que, depuis six mois, la principale usine de farine de poisson de la localité est à l’arrêt, sans explication claire sur les raisons de cette fermeture. Si cette situation a permis de relâcher temporairement la pression sur les stocks de poisson, les femmes restent vigilantes quant à une éventuelle reprise des activités.

Elles ont également noté une prise de conscience croissante au sein des populations locales des impacts des usines de farine de poisson sur leur santé, leur économie et leur cadre de vie. De plus en plus de personnes rejoignent la lutte contre la prolifération de ces industries, conscientes de l’ampleur des dégâts environnementaux et sociaux qu’elles causent. 

Les défis de l’exploration gazière 

En plus des industries de farine de poisson, les communautés locales doivent également faire face à une nouvelle menace : l’exploration gazière. Des projets d’extraction de gaz offshore sont en cours à Cayar, ce qui inquiète les acteurs locaux de la pêche. Ils craignent que l’exploitation des ressources sous-marines ne vienne perturber les écosystèmes marins et aggraver la situation déjà précaire de la pêche artisanale.

Les pêcheurs et les femmes transformatrices se retrouvent ainsi confrontés à un double défi : les industries extractives et les industries de farine de poisson, qui, ensemble, risquent de détruire les moyens de subsistance et l’environnement. 

Perspectives pour le projet Notre Poisson 

Le projet Notre Poisson, soutenu par OCEAN 5, a déjà apporté un appui crucial aux communautés locales dans leur lutte contre les industries de farine et d’huile de poisson. En termes de perspectives, les acteurs locaux recommandent de maintenir et d’intensifier les actions de plaidoyer pour l’arrêt immédiat de la prolifération de ces industries, qui compromettent les stocks halieutiques et menacent les moyens de subsistance des populations.

Ils insistent également sur la nécessité d’étendre le combat à d’autres fronts, notamment celui des industries extractives, comme l’exploration gazière qui s’annonce à Cayar. Face à cette double menace pour les écosystèmes marins et les communautés, les acteurs encouragent le développement d’un plaidoyer global pour la protection des ressources marines.