Caractéristiques générales
Créée par le décret N°2022-003 du 05 janvier 2022, l’Aire Marine Protégée de la Bouche du Roy est située sur le site Ramsar 1017, à l’Ouest de Cotonou et s’étend sur environ 184 km2 dans les Communes d’Abomey-Calavi dans le département de l’Atlantique, de Ouidah et de Grand-Popo dans le département du Mono. Elle est constituée d’une zone continentale (terrestre) et d’une zone marine (océan) qui couvre environ 75% de l’AMP.
Objectifs de création
L’objectif est de sécuriser les ressources halieutiques disponibles dans ces écosystèmes qui regorgent d’une riche diversité biologique très menacée ou en voie d’extinction dont les tortues marines, le lamantin d’Afrique, les dauphins et les baleines et diverses espèces de poissons que sont les raies et requins.
Principales espèces
209 espèces de plantes réparties en 69 familles y sont rencontrées. La diversité des espèces animales de l’AMP de la Bouche du Roy est d’environ 473 espèces réparties dans 126 familles et 7 groupes zoologiques. 10 espèces de mammifères terrestres ou semi-aquatiques (cas de l’hippopotame et des loutres) sont rencontrées dans l’AMP. L’avifaune est l’un des groupes zoologiques les plus représentés dans l’AMP en termes de richesse spécifique et d’abondance. On y rencontre à la fois l’avifaune d’eau et terrestre composée de 116 espèces réparties en 44 familles qui sont inféodées à la partie continentale. 4 principales espèces d’amphibiens sont couramment rencontrées dans cette AMP. Ce sont Bufo pentoni (Bufonidae), Hemisus marmoratus (Hemissotidae), Hilderbrandtia ornata (Ptychadenidae) et Hyperolius torrentis (Hyperoliidae). 5 espèces de serpents réparties dans quatre familles sont rencontrées. Quant aux tortues, 2 espèces de tortues sont couramment rencontrées dans les cours et plan d’eau de la partie continentale de l’AMP. Il s’agit de Kinixys belliana (Tortue pygmée) et Geochelone gigantea (Tortue géante d’eau douce). 56 espèces de poissons d’eaux douces et saumâtres réparties dans 30 familles sont rencontrées.
Dans le milieu marin, on retrouve 257 espèces différentes de poissons dont 43 sélaciens et 214 téléostéens. 4 espèces de tortues marines réparties dans 2 familles sont rencontrées dans l’AMP de la Bouche du Roy. Il s’agit de la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), de la tortue luth (Dermochelys coriacea coriacea), de la tortue verte (Chelonia mydas) et de la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata). Ce sont toutes des espèces migratrices qui fréquentent la côte béninoise à la recherche de littoral chaud pour y pondre leurs œufs. 7 espèces de mammifères marins (cétacés) dont la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae), la baleine tropicale ou la baleine de Bryde (Balaenoptera edeni syn. Balaenoptera brydei), la fausse orque ou pseudorque (Pseudorca crassidens) le cachalot sperm whale (Physeter macrocephalus), la baleine à bec de Cuvier (Ziphius cavirostris), le dauphin souffleur (Tursiops truncatus) et dauphin humpback de l’Atlantique (Sousa teuszii) fréquentent les côtes béninoises et la plupart de ces espèces font déjà l’objet d’une valorisation écotouristique.
Habitats et écosystèmes représentatifs
L’AMP de la Bouche du Roy est composée d’une diversité d’écosystèmes et d’habitats. On distingue : i-la pelouse maritime à Remirea maritima sur le cordon littoral, ii- le fourré littoral à Chrysobalanus icaco var. orbicularis et Uvaria chamae, iii- la mangrove à Rhizophora racemosa et Avicennia germinans le long de la lagune côtière, iv- la forêt marécageuse à Ficus trichopoda et Alchornea cordifolia, v- la prairie marécageuse à Typha domingensis et Paspalum vaginatum au niveau des plaines d’inondations et les vasières. A côté de ces formations naturelles qui sont aujourd’hui en proie à une forte dégradation sous l’action de la pression anthropique dans la zone, on y rencontre également des faciès de végétation façonnée de main d’homme. Il s’agit i- des champs et jachères généralement dominés par Elaeis guineensis, Zea mays, Manihot esculenta, Chromolaena odorata et Voacanga africana, et ii- des plantations de Cocos nucifera, plantation de Elaeis guineensis, plantation d’Acacia auriculiformis et des plantations fruitières (notamment manguier).
Valeurs culturelles et activités économiques
Les écosystèmes de l’AMP de la Bouche du Roy fournissent des bénéfices non matériels à travers la satisfaction spirituelle et cultuelle. Ce sont par exemple les cérémonies culturelles et cultuelles en mer sur le littoral, les plans et cours d’eau, organisées par les adeptes de différentes divinités des communautés riveraines de l’AMP. A cela s’ajoutent les activités récréatives, de loisir et d’éducation environnementale (sortie pédagogique des apprenants dans ces écosystèmes, etc.), l’éveil à la création artistique (dessins des bas-reliefs au niveau des temples, folklore), le bien-être et la satisfaction morale humaine (embrun marin, etc.). Les groupes socio-linguistiques majoritaires rencontrés actuellement autour de l’AMP sont : Pédah, Xwla, Mina et Fon. Ces différents groupes socio-culturels ont développé différentes activités liées à l’eau autour de la lagune et de la mer. Les activités économiques prédominantes pratiquées par les populations riveraines de l’AMP sont par ordre d’importance la pêche, l’agriculture et l’élevage. Le commerce et le secteur industriel sont également très développés dans les territoires de l’AMP. D’autres activités comme le tourisme, la saliculture, l’artisanat, l’exploitation de sable lagunaire sont également pratiquées et en plein essor autour de l’AMP.